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16 février 2014

Interview de David Rosenfeld

Pourriez-vous nous parler un peu de vous : d’où vous venez? Votre parcours professionnel?

D.R.: J’ai été étudiant à l’Ecole Nationale de la Photographie , de 1982 à 1985. Puis j’ai travaillé au RheinischesLandes Museum à Bonn sous la direction de Klaus Honnef. Enfin j’ai été plus d’un an le secrétaire de Gisèle Freund, une photographe dont j’admirai le travail, le courage et la persévérance. De retour à Amiens parallèlement à mon travail dans les Musées et les galeries pour lesquels je faisais des reproductions d’œuvres d’art j’ai crée une galerie dans la maison que j’habitais : La galerie Snapshot. Ce fut une expérience importante puisque cela me permettait de présenter les travaux, les œuvres pour lesquelles j’avais
un intérêt manifeste.. J’exposai de la photographie dite historique (Walker Evans et la photographie américaine des années 60/70) et des artistes français contemporains dont l’œuvre n’était pas encore affirmée…

Vous faites de la photographie depuis quelques années maintenant, pourriez-vous nous dire pourquoi avez-vous choisi ce médium ?

D.R: Je ne sais pas. J’aimais le cinéma ; la peinture, mes parents ont certainement guidé mes goûts… Mon père chef d’orchestre, Ma mère compositeur, tous deux passionnés de peintures du 19è et 20è siècles. Ma culture est classique et je le reconnais à présent. La photographie est-il un médium ? C’est la magie de l’âme. C’est un langage qui permet d’approcher le désir d’approcher…le désir !. C’est un jeu, celui impossible de la perfection. Enfant, j’ai toujours aimé jouer, imiter, pleurer, souffrir, défier mes rêves..Il me semble que ce que vous nommez médium - la photographie – me permet d’accéder à ces rêves impossibles… Les raisons sont donc mutiples.. Je suis autant fasciné par la maigreur des modèles de Schiele, que par la minceur (qui m’effraie) de ces corps qu’il dessine. J’aimais la profondeur d’Ingmar Bergman – le cinéaste – le désespoir de l’âme de ses personnages… Il m’est souvent arrivé de confondre leur beauté (celle de ses actrices Bibi Anderson, Liv Ullman) de celle des modèles que je photographiais. Vous voyez, ce que je recherche c’est une ressemblance, et cette ressemblance ne cesse de me hanter… Souvent des critiques ou des amis me disent que je photographie toujours le meme « genre de personnes », mais c’est évidemment bien plus complexe et subtil qu’une typologie d’êtres se ressemblant… Je recherche une ressemblance, celle d’un visage desespéré… et pourtant je sais que le fait de nommer « désespoir » me suffit, si je m’entends, à sourire … même entre les poses, avec mes modèles.. C’est donc un jeu (toujours !) d’acteurs, d’actrices puisque je ne photographie que des modèles féminins.

Si je me souviens bien, vous avez également travaillé le Polaroïd ? Pourquoi avez-vous changé votre façon de faire ? Je veux dire être passé à la photographie en Noir et Blanc.


D.R: Après vous avoir répondu sur la ressemblance, je voudrais vous dire que je ne voudrais pas me ressembler.Je ne voudrais pas m’enfermer ou me définir, ou que l’on me reconnaisse par l’entour de mes photographies.Que veux-je dire par entour ? Le noir et blanc, la couleur, le format …Je me souviens d’une anecdote , une galeriste s’approche de moi lors d’une de mes expositions, c’etait à Arles… et m’entraîne vers l’une de mes photographies et me demande « Où avez vous acheté votre cadre ? » Je lui réponds : « Vous êtes sérieuse ? »… ce pour dire, que je ne m’interesse par au cadre, au format de mes photographies… La photographie est un multiple, ajoutons une banalité à une autre !. Je peux tirer ma photographie à des formats différents. Ce qui est certain c’est que j’aime les ruptures, et elles viennent souvent d’un épuisement, de la deception de ne pas pouvoir me dépasser… Ou d’une rencontre…Jai commencé par le noir et blanc (ma série d’enfants), puis j’ai fais de la couleur (Les faux-passants, Charades et les portraits de mes deux premiers modèles… J’ai voulu créer une rupture avec le polaroid… lorsque j’ai rephotographié des modèles différents… Puis j’ai consacré une série de polaroids à un seul modèle. Puis d’un commun accord, nous avons admis que les photographies se ressemblaient (une ressemblance-défaite !... et j’ai donc décidé de refaire du noir et blanc… Mais ce qui demeure et doit demeurer c’est la fascination du visage… Si je savais peindre je dessinerais , je peindrais, je sculpterais… ces modèles… J’ai la chance de poser pour vous et j’ai pu voir votre façon de faire lors de vos séances de shooting, vous êtes très perfectionniste et chercher la moindre petite chose qui puisse selon vous tout remettre en cause dans la photographie finale.

Pouvez-vous expliquer cette recherche de la perfection ?


D.R.: La perfection, c’est comme la phrase de Paul Valery : Nos goûts se forment en fonction de nos dégoûts.Et j’avoue que je sais ce qui m’irrite en photographie… Déjà l’abandon de la forme. Qu’importe l’arrière fond dans certaines photographies qui prônent le social. Halte aux typologies, aux généralités… Une photographie est une particularité, une œuvre précieuse, un bijou. Je regarde le désordre, le pli d’un vêtement qui se dessine
sur le fond qui l’entoure. Je cherche la ligne, le trait… Regardez Avedon et considérez ses photographies comme un dessin et vous découvrirez son interêt pour la forme.. J’ai découvert récemment qu’Avedon photographe a écrit la préface du catalogue raisonné des dessins de Schiele… La perfection qu’est-ce ? Je me souviens d’une interview d’Avedon évoquant sa mère dans un musée, devant des œuvres, lorsqu’il était adolescent : Cette œuvre est juste , et celle ci ne l’est pas !... Cela me rappelle la phrase de Duane Michals qui était mienne avant que je ne l'a lise : Cindy Sherman is inauthentic, Diane Arbus is authentic. Telle est ma vision ! Ces artistes majeurs (Arbus, Avedon, Michals..) sont des maîtres, ils ont atteint souvent la perfection…

Pensez-vous avoir réalisé un travail qui pourrait également se rapprocher de celui de Duchamp, si non pensez-vous pouvoir le faire ?

 

D.R.: Non je ne comprends pas l’œuvre de Duchamp. Il m’est donc impossible de m’en approcher ! Mais s’il fallait tenter d’appréhender par la photographie l’œuvre d’un artiste je choisirais celle de Chaïm Soutine.

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